lundi 26 décembre 2011

Making Greatest Hits



Prix Nobel de la photo 2009


Post-Maroquinerie, je suis sur mon petit nuage, tranquille.
L'année 2009 commence avec cet album en perspective. L'idée de réaliser tout un disque en studio a la vie dure. Un objet qui serait patiemment façonné, dans l'esprit de mes anciens opus en vinyle. Pour être au plus proche de la première partie de ma carrière, et ainsi souligner encore plus le virage négocié. Pouvoir écouter en playlist sur un ordinateur Le Pornographe, Le Bal Masqué, La Mauvaise Réputation sans sourciller, dans un même son, est une idée très séduisante, peut-être même plus que Scarlet Johansson en pleine partie de ping-pong dans Match Point. Je cajole ce projet encore quelques temps avant de me décider à aller chez François Tarot écouter l'enregistrement de la Maroq. Le souvenir de ce concert est vivace, et j'ai peur d'être déçu, de ne plus retrouver ce que j'ai ressenti. C'est toujours un risque. Finalement installé à son bureau, hop, je presse la barre espace. Je suis surpris d'entendre le frémissement du public, le son du groupe, et de me rendre compte que l'excitation de la première fois est perceptible sur l'enregistrement. Je zappe un peu au hasard de la forme d'onde pour aller écouter un peu plus loin. Certes, les petites imperfections sont gravées également. Mais l'ambiance chaleureuse et nos versions mutantes des standards de la pop sont là. Ok, tant pis pour le studio, c'est ce live qu'il faut sortir.
Le mixage est confié à Jean-Baptiste Bruhnes, qui vient de réaliser un très beau mixage de l'album Plus Cher de Tante Hortense pour Les Disques Bien. La tâche est rendue un peu difficile, le micro d'ambiance qui capte le public capte aussi -pour ainsi dire une seconde fois- le son du groupe dans la salle. Il faut à nouveau gaiement lancer les demandes d'autorisations pour certains morceaux... Fuck.
En mars a lieu le shooting pour la pochette et le livret. La réalisation est confiée à la photographe Valérie Archeno, qui a déjà commis une poignée de pochettes mythiques, et dont le subtil travail est sans cesse remarquable. On réquisitionne un petit appartement qui se révèle être la représentation idéale du projet; il emboîte le pas de mes anciennes pochettes de disque avec cohérence, tout en évoquant avec force la caverne d'Ali Baba version Opéra de Pékin sous acide après renouvellement de subventions.


Les Brassens vont défiler tout au long de la journée, on va tester toutes les pièces de l'appartement, on a amené quelques objets qu'on prend un malin à plaisir à glisser négligemment dans le décor déjà sursaturé. On veut tout saisir, il y a trop de possibilités, la photographe anticipe encore plus vite que nos idées ne fusent. Un président nous fait un clin d'oeil, et on traumatise un chat à vie.
La belle journée.

Photos du shooting: Serge Le Cowboy

On se retrouvera la semaine suivante avec une quinzaine de planche-contacts (plus une ou deux centaines de photos en numérique), composant des situations complètement saugrenues avec cette famille improbable, comme autant de vignettes auxquelles il manque une case. Pourtant, et quand même c'est fou, au milieu de cette mer d'images étalées sur le bureau et sur le sol, il y en a une, qui nous crie "je suis la pochette du disque". Très émouvant. 
On commence à travailler le livret avec le graphiste Serge Le Cowboy, tireur d'élite de la palette graphique de sa mère. On veut cet album photo bercé trop près du mur, tellement anachronique qu'il en devient insituable.



Comme des poupées Sétoises, une rencontre en révèle une autre, et la galerie s'agrandit.


Georges.


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