jeudi 22 décembre 2011

THE BRASSENS

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2007 va être l'année de cet incroyable buzz dont je fus le premier surpris. Dès le mois de janvier, quelques dizaines d'écoutes par jour sur myspace, et déjà je reçois des mails de producteurs parisiens qui me demandent où j'en suis, si je suis signé, etc... 

Pendant quelques jours, j'ai peur et trouve refuge dans les paradis artificiels. Nice.

Pendant le premier semestre, tout va s'amplifier, et assez rapidemment, des gens comme Radio Néo, Ouï FM, Le Monde, Caroline Cartier sur France Inter, Radio Nova, Europe 1, DJ Zebra, vont me solliciter et parler du groupe, The Brassens. Le nom circule, et je recommence à recevoir chaque jour des messages de sympathie, qui, après 30 ans d'exil (j'y reviendrai dans un autre blog intitulé Hopeless Bastard In South America), me donnent quatre bouts de bois quand dans ma vie il faisait froid.


On me demande toutes les semaines si on fait des concerts. Alors j'ai envie de tester. Trente ans d'absence, la popularité toujours là, faire des reprises d'aujourd'hui. Je saisis alors une proposition venue de Belgique, pour un festival, les Nuits de l'Entrepôt, à Arlon. Le début des échanges amoureux avec ce pays. On monte un répertoire d'une trentaine de minutes et on s'embarque en voiture avec l'équipe la plus improbable du circuit, Popo, Véro, et Mustafa Lafayette (Alto Sax/synthé analogique). On joue dans le club, rempli grâce au succès du myspace, devant un public chaleureux amusé par nos pantalons en velours et nos drôles de coupes. Popo à les partitions à ses pieds et ne les quittera pas. Moi-même j'ai mes textes pas très loin, sur le fil. Véro nous gratifiera d'un solo façon Johnny Halliday au Stade de France dans ce cabaret belge, et Mustafa sera le grand prêtre fou, comme s'il savait depuis le jour de sa naissance qu'on allait faire ce concert. La pompe retentit dans les murs, première surprise, cette rythmique de guitare convoque autant les neiges d'antan que l'envie de danser. Deuxième surprise, le concert prend des airs de grand quizz, le public restant d'abord concentré pendant un tiers de le chanson avant d'éclater de rire et de se manifester. De mémoire, nous jouâmes Diam's, Daft Punk, Toi toi Mon Toit, J'aime regarder les filles, Le Bal masqué, Pull Marine... J'étais grisé par ce climat, nos accoutrements hors du temps et mystérieux, cette pompe omniprésente, presque dramatique, les irruptions de sax apopléptique et de synthé tournoyant, le plaisir de rejouer des chansons, l'humour qui s'en dégageait, et le décalage instantané de mes prises de paroles dans un contexte rock. C'est ce dernier aspect que j'ai souvent eu du mal à expliquer aux programmateurs: le groupe prend une autre tournure lorsqu'il est balancé dans un contexte rock, et non pas sur un plateau humour. C'est l'endroit que je voulais toucher, l'étrange bien plus que la comédie. (On y parviendra quelques fois, dans des festivals, à la Maroquinerie, ou à la Cité de la Musique notamment, ainsi que sur les photos du livret du Greatest Hits). 
De ce premier concert de The Brassens -et l'unique sous ce nom là!- qui restera cher à mon coeur, subsite deux photos:








Malgré ce concert encourageant, en 2007 The Brassens reste encore un clin d'oeil. On s'amuse bien. J'ai surtout envie d'ajouter un album à mon catalogue, après tant d'années, et Les Disques Bien sont bien sûr partants pour l'aventure. J'enregistre alors l'adaptation de Daft Punk, Plus, Meilleur, Plus Rapide, Plus Fort, et teste un peu les chansons de Vanessa Paradis et de Patrick Coutin. Très rapidemment se pose la question des autorisations, et j'entame les démarches nécessaires auprès des maison de disques. Nous travaillons avec David Scrima à la pochette, et je me surprends à être excité comme un curé de campagne devant une photo d'Ornella Mutti à l'idée de sortir ce disque. Tout ça se fait dans l'ambiance alors familiale, détendue, et un brin insouciante des Disques Bien. On apprend. Certaines autorisations vont mettre six mois à arriver, même si du côté des artistes la réponse fût toujours oui. Je vais passer l'année à trépigner d'impatience, abattu par le temps que prend tout ce processus. Pendant ce temps, le buzz grandit, Leeroy, des Saian Supa Crew me contacte sur myspace pour envisager un duo! Belle idée qui n'aboutira pas. Laurent Ruquier fait une petite minute sur nous sur France 2 et l'audience de la page des Brassens grimpe à 5 000 écoutes/jour. Cerise sur le gâteau du buzz, je reçois ça:


Ben oui, bien sûr, j'allais à 90 ans aller faire le clown à la télé. Je n'ai jamais porté ces émissions dans mon coeur, et c'était à l'opposé de ce que The Brassens laissait entrevoir comme outil: revisiter toute la chanson populaire de ces trentes dernières années, avec des musiciens affûtés, en décalant férocement le tout, dans une expérience de pataphysique assez inédite. Participer à la Nouvelle Star m'aurait emmené dans une toute autre direction. J'ai décliné en arguant que j'en étais plutôt une ancienne.
Rétrospectivement, avec un tel remue-ménage cette année-là, un tel enthousiasme général, on pouvait facilement penser mais-allez-putain-vas-y-fonce-tu-vas-te-faire-des-couilles-en-or-là-mon-gars!... Je suis moi-même encore aujourd'hui un peu désarçonné par cet engouement à l'époque. Je crois que je me suis toujours efforcé de suivre mon chemin, en fonction de comment j'appréhendais la situation, et je me suis déjà exprimé il me semble au sujet des trompettes de la renommée... iI me semblait plus juste d'avancer avec les gens qui avaient les mains dans le cambouis avec moi, de façonner à mon rythme ce projet en l'arme absolue des cover-bands, entouré de ceux que j'aime. J'avais par ailleurs la chance de beaucoup travailler dans d'autres projets qui me ravissaient (dans tous les sens du terme effectivement), et après tout The Brassens n'était encore à ce moment-là qu'une page virtuelle. Pas plus d'épaisseur qu'un CD.
Finalement, après avoir difficilement obtenu quatre autorisations, je remets l'album à plus tard, et décide de sortir un quatre titres avant fin 2007. Mais il manque encore une réponse, celle de mes propres ayant-droits.

Georges.
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