vendredi 23 décembre 2011

La coincidence

Les autorisations arrivent lentement tout au long de l'année. Un ami commun m'avait rapporté que mes ayant-droits ne voyaient pas de problème, je n'avais qu'à leur écrire une lettre. Avec l'expérience de ça aujourd'hui, j'aurais du ne rien faire et sortir le disque tout simplement, en plaidant la parodie.


Entretemps le buzz autour du groupe nous a permis de rencontrer le distributeur Abeille Musique, où travaille une vieille connaissance, et qui est prêt à prendre en charge toutes les sorties du label. Champagne, Motherfucker. J'ai rencontré également la précieuse Virginie Pargny, qui sera notre attachée de presse en titane pendant quatre ans. Initialement envisagée en octobre, la sortie est retardée car je n'ai pas de nouvelles de cette lettre envoyée aux ayant-droits deux mois avant. Situation compliquée entre la com, le distributeur, et le disque. On attend encore, je tente de les joindre au téléphone sans succès. Après trois mois d'attente, je me dis merde, ce n'est qu'un disque, et en plus personne ne me répond. Je donne le feu vert à tout le monde, et on annonce sur Myspace la sortie du EP de The Brassens pour le 22 novembre 2007 (après une fausse alerte le 8). Back dans les bacs. Compact.
La suite ne lassera jamais mon étonnement. 
Le matin de ce 22 novembre 2007, je trouve un recommandé dans ma boîte aux lettres. Je me rends à la Poste avec ce petit pincement qui accompagne ce genre de découverte, en me demandant ce que les impôts ou une ancienne petite amie peut bien me vouloir encore. De retour, je décachète, et m'assoie instantanément. C'est une lettre du #2 d'Universal qui me contacte pour me signifier que le nom de Brassens est leur propriété exclusive, et me prie de bien vouloir retirer et détruire les disques, merci. Cordialement. Blah blah blah...
Fuck.
Le jour même de la mise en bac.
5 000 disques dans toute la France.
Il y a une putain de PLV à la Fnac des Champs.
Et cette lettre.
Ça ne peut pas être une coincidence, c'est trop bien orchestré.
Universal était au courant depuis suffisamment longtemps. Par le buzz? Par les ayant-droits? Je penche pour la seconde option. Qu'est-ce que je fais? Ça gamberge.
1) C'est l'occasion de les contacter, l'opportunité de leur proposer de le faire avec eux, la situation y était favorable. Les médias et la fan-base était déjà là. Universal a tout le catalogue Brassens. Noël approche...
2) On ne peut pas confondre The Brassens et Georges Brassens dans les bacs. On peut plaider la parodie, on aura la sympathie de tout le monde si on déclenche une pétition. On ferait jurisprudence et on décoincerait enfin cette situation archaïque des droits d'auteurs en France (pensons une seconde aux anglo-saxons, et à leurs The Dandy Warhols, Duran Duran Duran). Il est temps de changer ça et quelle fierté si The Brassens permettait cette libération créative.

Ok. Il fallait ne rien demander et clamer la parodie. The Brassens était le nom idéal. Trop tard. On ne peut pas financièrement se permettre un procès avec Universal, et mettre en danger la direction du label. Tourner le dos à mes amis des Disques Bien pour travailler avec cette pieuvre de l'industrie du disque? Impensable.
Ok. On change de nom et on ressort le disque, en espérant que les gens ne s'y perdent pas.
Fuck.
Elle était géniale cette pochette non?

Georges


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